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Qui est Sanae Takaichi, la première femme à gouverner le Japon ?

Sanae Takaichi a été nommée hier première ministre du Japon. Première femme à exercer ce poste, elle se démarque par des prises de position ultra-conservatrices et révisionnistes de l’histoire du Japon.

Jamais deux sans trois. Après 2 tentatives infructueuses de diriger le pays, Sanae Takaichi, 64 ans, a été nommée hier Première Ministre du Japon. Ce succès – dû à une nouvelle coalition gouvernementale – vient couronner une carrière de plus de 30 ans au sein du Parti Libéral-Démocrate, qui gouverne le pays depuis bientôt 70 ans. Elle est la première femme de l’histoire à atteindre cette responsabilité.

Originaire de Nara, ville proche de Kyoto et d’Osaka, Takaichi est l’héritière de l’ancien premier ministre Shinzo Abe, assassiné en 2022. Elle a fait ses armes dans son gouvernement, où elle a notamment été ministre des sciences et des technologies, de l’innovation, de la sécurité alimentaire ou encore des affaires intérieures. 

Des opinions extrêmes et révisionnistes

Nationaliste et ultra-conservatrice, elle représente la faction la plus à droite de son parti, déjà à droite sur l’échiquier japonais. Takaichi visite régulièrement le temple Yasukuni, lieu de prière controversé qui rend hommage à 2 millions de soldats japonais, y compris plus de 1 000 criminels de guerre. Elle a soutenu par le passé que les crimes de guerre du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale étaient « exagérés »

La nouvelle Première Ministre s’est également montrée réfractaire aux excuses formulées par le pays pour le massacre de Nanjing, qui a vu la mort et/ou le viol de plus de 100 000 prisonniers de guerre et civils chinois en 1937, et à celles du scandale des femmes de réconfort de l’armée japonaise, qui a réduit à l’esclavage sexuel plusieurs centaines de milliers de femmes en Asie.

Des accointances avec l’extrême droite

Sa carrière a été marquée par des liens flous avec l’idéologie néo-nazi japonaise. D’après le International Business Times, elle avait apporté en 1994 son soutien au livre « La stratégie électorale d’Hitler, une bible pour une victoire assurée dans les élections modernes ». En 2014, elle prenait une photo avec Kazunari Yamada, président du parti nazi japonais et célèbre négationniste de l’Holocauste et du 11 septembre 2001.

Parmi les idées qu’elle défend, la nouvelle première ministre s’oppose au mariage pour tous et estime que l’empereur doit être un homme. Elle souhaite réviser l’article 9 de la constitution, par lequel « le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux ».

Le taux de natalité, une affaire personnelle

Infertile à la suite d’une maladie gynécologique, Takaichi n’a pas d’enfants biologiques. L’acceptation des femmes infertiles fait partie de ses combats. « En Corée du Sud et à Singapour, les ministres chargés de la politique familiale sont des hommes, ils n’ont pas non plus d’expérience en matière d’accouchement », avait-elle rétorqué à ses détracteurs lorsqu’elle était chargée de lutter contre la baisse de la natalité du pays en 2007. Un problème qui ne fait qu’augmenter : si le taux de natalité était de 8,6 pour 1 000 habitants en 2007, il est désormais de 7 en 2024. Il s’agit de l’un des problèmes majeurs auquel elle devra faire face en tant que Première Ministre du Japon.