Categories
Français Société

À Paris, les applis de rencontre touchent toutes les générations

En France, d’après l’IFOP, près de 40% des célibataires utilisent régulièrement des applications de rencontre. Les parisiens ne sont pas une exception. Des habitants de 21 à 66 ans témoignent de leurs habitudes amoureuses, et l’impact de l’âge dans celles-ci.

En rendez-vous à Montmartre, lieu où ils se sont vus pour la première fois, Estelle, 24 ans, et Aaron, 23 ans, se sont rencontrés sur l’application Hinge en janvier. ‭« Il m’a proposé tout de suite de se rencontrer. Je n’ai pas dit oui la première fois, je préfère discuter pendant une semaine ou deux pour m’assurer que la personne est saine d’esprit. Passé ce délai, j’ai accepté que l’on se voit ici, dans un café à Montmartre », se remémore Estelle. ‭‭« Nous avons longuement discuté, puis nous nous sommes revus tous les jours la semaine suivante ». Des couples qui se forment après s’être trouvés sur l’une des applications de rencontre, ce n’est plus très rare, surtout à Paris. D’après l’IFOP, en 2023, près de la moitié des célibataires français tentaient leur chance sur celles-ci. Mais faisant partie de la génération Z – allant de 1997 à 2010 -, Estelle et Aaron semblent plutôt être l’exception que la règle.

Les sites et applis abandonnés par les plus jeunes

C’est en tout cas ce qu’expliquent Harry et Sarah, couple de 23 et 21 ans en balade romantique aux Tuileries.  ‭« Nous nous sommes rencontrés à l’université, où nous suivions un cours ensemble. Dans mon entourage, c’est plutôt à travers ce type de rencontres que les couples se forment. Sur les applis, il n’y a que du négatif qui ressort. Alors la plupart ont arrêté. Maintenant, ils utilisent plutôt les réseaux sociaux pour rencontrer de nouvelles personnes et trouver l’amour », explique Harry. « J’ai encore quelques amies qui s’en servent, mais elles ne sont clairement pas satisfaites de leur fonctionnement », ajoute Sarah. 

Parmi les causes, les jeunes parisiens mettent en avant la normalisation du ghosting. Cet acte qui consiste à mettre fin à une relation en cessant toute communication sans avertissement s’est largement développé depuis 2020, à tel point que de nouvelles pratiques apparaissent. Parmi elles, les ‭« sunday boys », hommes qui ne flirtent que le dimanche avant de disparaître, sont particulièrement décriés. 

Les 10 applications de rencontre les plus populaires en France

D’après l’App Store d’Apple, les 10 applications de rencontre les plus utilisées dans l’Hexagone sont :

Tinder : Leader mondial, basé sur le swipe et les rencontres géolocalisées,

Bumble : Application où seules les femmes initient la conversation, axée sur l’émancipation et les relations sérieuses,

Hinge : Mise sur les relations durables via des profils approfondis,

happn : Connecte les utilisateurs ayant croisé leurs chemins en exploitant la géolocalisation en temps réel,

Feels : Privilégie les interactions authentiques via des vidéos et des questions, évitant les profils statiques,

adopte : Anciennement “Adopteunmec”, plateforme où les femmes évaluent et sélectionnent les profils masculins,

Lovoo : Mélange rencontre et réseau social, avec un système de radar pour repérer les utilisateurs proches,

Tandem : Combine apprentissage linguistique et rencontres, ciblant les échanges interculturels,

Fruitz : Classe les utilisateurs par “personnalités fruitées”, pour des rencontres basées sur des affinités supposées.

Un vrai besoin pour les générations précédentes

Mais à mesure que l’on vieillit, les opportunités s’amenuisent. « Les applications de rencontre se développent énormément dans mon cercle d’amis. Quand on est étudiants, c’est facile de rencontrer du monde, avec les classes et les soirées. Lorsque l’on rentre dans la vie active, c’est tout de suite plus compliqué. Je dirais même que c’est l’un des seuls moyens pour les gens de mon âge de trouver quelqu’un », explique Manon, banquière de 35 ans dans le premier arrondissement. Une pratique qui s’est largement normalisée sur les dix dernières années. «  J’ai deux cousins qui ont rencontré leurs femmes sur des applications de rencontre il y a trois et quatre ans. Quand ils nous les ont présentés, personne n’a trouvé ça étrange. C’est devenu totalement normal. Aujourd’hui, ils sont mariés, et ont des enfants », enchérit Olivier, 41 ans. 

Même les seniors se retrouvent séduits par la proposition des sites de rencontre. S’ils sont encore peu à les fréquenter régulièrement en France – moins de 10% du total en 2021 d’après l’IFOP, certains y trouvent tout de même leur moitié. Monique et Thierry, 59 et 66 ans, se sont rencontrés il y a un an sur Meetic. « C’est ma fille qui m’a inscrite. Elle me montrait les personnes et s’en occupait pour moi. Au début, je n’y prêtais pas attention. Après quelques échanges avec Thierry, j’ai accroché. Rien de compliqué, juste une rencontre comme une autre, mais qui a marché », conclut Monique. Pour Thierry, il ne faut pas perdre espoir. « Il y a encore deux ans, je ne savais même pas ce qu’était un site de rencontre. À plus de 60 ans, l’idée de discuter avec des inconnus sur un écran me semblait artificielle. Mais je me suis forcé, et j’ai rencontré Monique. Aujourd’hui, je reconnais que j’avais tort. Il faut y croire. L’amour n’a pas d’âge ! »

>> Lisez également : Qui est Sanae Takaichi, nouvelle Première Ministre du Japon ?